Les Idolâtres. De Chagall à Reiser, le cheminement de Joann Sfar vers la BD

Dans Les Idolâtres, Joann Sfar évoque ses influences, l’absence de la mère et son cheminement vers le dessin sous le prisme de la religion juive. Une autobiographie touchante !

Les Idolâtres de Joann Sfar © Dargaud

Les Idolâtres débute par une anecdote scatologique. Joann Sfar y évoque la première fois où il a fait ses besoins sur le pot devant l’admiration de sa mère pendant que lui concentrait toute son attention sur une coquillette crue qu’il tenait dans sa main. L’auteur du Chat du rabbin y voit une allégorie sur la façon dont les occidentaux détournent leur regard du monde réel. Le ton est donné ! Le long de ces 208 pages, Joann Sfar philosophe à sa manière, avec humour et un brin de fantaisie, sur le vide provoqué par la disparition trop tôt de sa mère, puis la fascination des images et le pouvoir qu’elles ont de mener à l’idolâtrie. L’auteur y raconte aussi ses rencontres avec ses mentors, Sempé et Mœbius surtout mais aussi Jacques Rouxel, le créateur des Shadoks, Clément Rosset, le grand philosophe dont il a été le mauvais élève, ou Jean-Marc Reiser qui lui a transmis le goût de l’aquarelle. Chagall lui a ouvert, lui, les portes de la peinture. A 7 ans, lors d’une visite au musée Chagall de Nice, il a le déclic ! Il se reconnaît totalement dans l’œuvre du peintre et se dit, non sans naïveté, qu’il pourrait le copier plus facilement qu’Astérix, trop bien dessiné pour lui. Dans ces moments-là, amusants et touchants, le dessinateur parvient à rendre communicatif l’enthousimame du gamin curieux qu’il était. La Synagogue (2022) était consacré à la figure du père et la virilité, Les Idolâtres est, lui, tourné vers l’absence de la mère, le point de départ de son obsession pour le dessin. Le récit s’articule autour d’une discussion avec sa psychanalyste, et est ainsi constitué d’anecdotes personnelles et de réflexions tendres : humaniste !

Les Idolâtres – Scénario et dessin : Joann Sfar – Pages : 208 – Prix : 27 € – Editeur : Dargaud