« Aaron » est sans aucun doute la BD la plus malaisante de 2021 mais aussi la plus audacieuse.

Parler de pédophilie est tabou, les langues se délient uniquement pour jeter des pierres. Partant de ce constat, Ben Gijsemans a voulu se mettre dans la peau de l’un d’entre eux et nous raconter son combat contre lui-même dans « Aaron », un récit malaisant, comme disent les jeunes d’aujourd’hui, mais captivant. 

Aaron de Ben Gijsemans © Dargaud

Aaron a vingt ans et passe ses journées dans sa chambre à tenter de réviser pour ses examens de rattrapage. Mais quelque chose le trouble. De la fenêtre de sa chambre, il remarque un enfant qui joue au foot et qui attire, plus cela ne le devrait, son attention. Il ne comprend pas ce qu’il se passe en lui, alors il se plonge dans ses comics américains qui le distraient de moins en moins. Ses préoccupations ne cessent de l’obséder. Il achète un ballon et tente maladroitement de se rapprocher du jeune footballer. L’histoire ne s’arrête pas là, un autre enfant entre dans sa vie et va le torturer.

Aaron de Ben Gijsemans © Dargaud

Car c’est bien de cela que traite « Aaron », de la souffrance provoquer par le mutisme auquel les pédophiles sont contraints. L’auteur ne les défend évidement pas, il expose avec intéligeance et subtilité leur cas. Ben Gijsemans : « Au départ, mon idée était de mettre en scène un personnage attiré par quelque chose qui le détruirait. Il aurait pu tout aussi bien être alcoolique ou accro au sexe. J’ai choisi le thème de la pédophilie après avoir vu un documentaire consacré à un pédophile car j’avais été impressionné par la force de son combat. On peut toujours trouver une solution pour un alcoolique ou pour un accro au sexe, mais la situation est différente pour un pédophile. ». Dans un style singulier qui privilégie une mise en page très sobre, sous forme d’un « gaufrier » strict, Ben Gijsemans réussit l’impossible, élever le débat sur un sujet explosif !

Aaron – Scénario et dessin : Ben Gijsemans – Pages : 208 – Prix 29,00 € – Editeur Dargaud