Germaine Richier, la rétrospective au Centre Pompidou en 3 œuvres incontournables

Elle fut la première femme à exposer de son vivant au Musée nationale d’art moderne en 1956, Germaine Richier, à travers ses sculptures, peintures et études, investit aujourd’hui la Galerie 2 du Centre Pompidou, le temps d’une rétrospective hétéroclite.

Germaine Richier au Centre Pompidou © Benoit Gaboriaud

« Comment Germaine Richier a prouvé à son père et au monde des hommes que l’on pouvait être femme… Et grand sculpteur » écrivait Paul Guth dans le « Figaro littéraire », le 7 avril 1956. Après-guerre, l’artiste singulière (1902-1959) invente de nouvelles images de l’homme et de la femme, jouant des hybridations avec les formes de la nature. Ainsi, ses créations étonnantes s’intitulent « La Sauterelle », « La Mante » ou « La Montagne », mais au fil du temps, ses œuvres convergent vers le sacré. A la demande du père Couturier, elle réalise, pour l’église d’Assy, un Christ qui fit scandale. Jugé blasphématoire par des groupes catholiques traditionalistes, il ne retrouvera sa place qu’en 1969. Germaine Richier s’est aussi intéressée à la figure du Diable ou de Don Quichotte. Aérée et variée, la rétrospective revient sur toute l’étendue de son travail. Nous nous sommes nous attardés sur 3 œuvres emblématiques de cet accrochage.

Le Couple peint, 1959

Germaine Richier au Centre Pompidou © Benoit Gaboriaud

Probablement l’œuvre la plus tendre et la plus émouvante de Germaine Richier, « Le Couple peint » clôt l’exposition. Réalisée en 1959, pendant les trois derniers mois de sa vie, elle marque l’utilisation d’une nouvelle technique. Trop faible pour modeler, Richier se consacre à la peinture et magnifie grâce à quelques touches de couleurs vives cette sculpture fondue trois ans plus tôt. Par ce biais, elle apporte à ce couple une certaine joie et vitalité.

Le Griffu, 1952

Germaine Richier au Centre Pompidou © Benoit Gaboriaud

Suspendu en hauteur, « Le Diable » fut renommé « Le Griffu », à cause de la serre d’aigle placée sur son coude. Sorti de l’imaginaire de Richier, cette créature évoque la Tarasque, un animal fantastique issu du folklore provençal, et de ce fait rappelle au visiteur les origines de l’artiste. Détail important, le bronze est aussi constitué de fils entrelacés, un élément que la sculptrice développe dès 1946 et qui crée des effets de tensions et de déséquilibre, comme dans « La Lutte » (1946) ou « Le Diabolo » (1950).

Les Sauterelles, 1944-1956

Germaine Richier au Centre Pompidou © Benoit Gaboriaud

« La Sauterelle, petite » est la première créature hydrique que Richier a créée, elle l’agrandit à deux reprises, jusqu’à dépasser la taille humaine. Dotée d’une tête de femme, l’insecte semble sur la défensive, prêt à bondir mais tient dans sa main un petit cœur (uniquement dans la version « La Sauterelle, grande »). Dans la même lignée, l’artiste sculpte « La Mante », une mante religieuse mimant une posture humaine. Mais ce n’est pas tout, nourri par sa fascination pour les plantes, les animaux et les insectes qu’elle collecte, une grande partie de son œuvre se peuple de créatures hybrides (femme-araignée, homme-chauve-souris…), symboles d’une osmose fantasmée entre l’homme et le monde animal, végétal et minéral. Un thème particulièrement d’actualité.

Germaine Richier au Centre Pompidou © Benoit Gaboriaud

Germaine Richier au Centre Pompidou jusqu’au 12 juin 2023.

Plus d’informations sur le site officiel : www.centrepompidou.fr

Pour en savoir plus sur l’exposition découvrez notre balade photographique ci-dessous, bonne visite !