Fort du succès remporté en 2018, avec la rétrospective Jean-Michel Basquiat, ayant conquis plus de 700 000 visiteurs, la Fondation Louis Vuitton poursuit son exploration de l’œuvre du pionnier de la mouvance underground, en révélant cette fois sa collaboration avec Andy Warhol dans la toute nouvelle exposition Basquiat X Warhol, à quatre mains.

De 1984 à 1985, Jean-Michel Basquiat (1960-1988) et Andy Warhol (1928-1987) réalisent environ 160 toiles « à quatre mains ». La plupart du temps, Basquiat faisait un premier jet sur la toile, souvent de très grande taille, Warhol venait y apporter sa patte, puis Basquiat finalisait. Proche des deux artistes, Keith Haring (1958- 1990) voyait en leur démarche singulière une « conversation advenant par la peinture, à la place des mots ».

Cette mise en lumière, la plus intense jamais consacrée à cette production singulière réunit plus de trois cent œuvres et documents dont quatre-vingts toiles signées conjointement. A travers elles, l’exposition plonge le visiteur dans le milieu underground new-yorkais des années 80, il y côtoie Keith Haring, Francesco Clemente, Bruno Bischofberger et Madonna avec qui Jean-Michel Basquiat a connu une romance presque oubliée. Nous nous sommes attardés sur trois œuvres emblématique de ce parcours.

Dos Cabezas, 1982 – Jean-Michel Basquiat

Depuis son adolescence, Jean-Michel Basquiat admire Warhol. Le 14 octobre 1982, Bruno Bischofberger lui présente son idole qui l’invite à son atelier, la culte Factory. Généralement, Warhol y peint le tableau de ses invités, mais cette fois-ci, l’arroseur arrosé se fait prendre à son propre jeu. Basquiat le photographie et se sauve précipitamment. Deux heures plus tard, il fait remettre cette peinture à Warhol qui dira : « Je suis jaloux, il est plus rapide que moi ». Cette première œuvre qui sonne comme une déclaration d’amour artistique, marque le début d’une collaboration effrénée entre les deux artistes.
Origin of Cotton, 1984 – Jean-Michel Basquiat – Francesco Clemente – Andy Warhol

Peintre italien né à Naples en 1952, emblématique de la mouvance trans-avant-garde, Francesco Clemente a collaboré avec le duo de stars. Toute une salle est dédiée à cette rencontre artistique. Ici, Basquiat a apporté à la toile de Clemente des chiffres, des mots, et une formule lui servant de signature : « Origin of Cotton ». Elle fait écho à la traite des escales et au racisme. Par cette démarche, Basquiat transforme les visages hantés de Clemente en une foule d’esclaves amenés en Amérique pour ramasser le coton, symbolisé par la fleur de Warhol, émergeant au centre. Une œuvre triplement coup de point.
6.99, 1985 – Jean-Michel Basquiat – Andy Warhol

Cette collaboration est une des préférées de Warhol, l’artiste l’avait même accrochée dans un espace privé de la Factory. Flamboyante et chargée de symboles américains et intimistes, elle témoigne d’un dialogue riche entre les deux artistes. Certaines retouches sont signifiées par des cicatrices, évoquant celles des deux artistes. Basquiat conserve celle d’un accident de voiture en 1968, l’année où Warhol échappe de peu à une tentative de meurtre, laissant son corps balafré.

Basquiat X Warhol, à quatre mains à la Fondation Louis Vuitton jusqu’au 28 août 2023.
Pour en savoir plus sur l’exposition découvrez notre balade photographique ci-dessous, bonne visite !






































