Après le musée Maillol, l’hyperréalisme s’invite au Musée d’arts de Nantes, le temps d’une exposition encore plus déroutante et passionnante, baptisée Hyper Sensible.

Courant émergeant dans les années 60 en Amérique, l’hyperréalisme serait-il redevenu tendance ? Il semblerait que oui. Depuis les années 2000, un grand nombre d’artistes s’y sont de nouveau intéressés. Alors que l’exposition Hyperréalisme – Ceci n’est pas un corps, au musée Maillol, vient à peine de fermer ses portes, Hyper Sensible ouvre les siennes dans le patio du Musée d’arts de Nantes. Le projet fait sens, cette partie historique de l’établissement accueillait à l’époque des sculptures et l’institution renferme dans sa collection Flea Market Lady, 1990, une œuvre hyperréaliste de Duane Hanson, acquise en 2011, mais peu montrée. Cette exposition labyrinthique et aérée lui permet de prendre l’air. A travers des fenêtres ouvertes vers d’autres salles, le visiteur découvre des jambes, des têtes ou des corps entiers dans un environnement blanc totalement immaculé. Cette sculpture de résine peinte à l’huile et de fibre de verre y côtoie la pom-pom girl au regard vague du même artiste, les nourrissons de Sam Jinks, les hommes et les femmes inquiétants de Daniel Firman accoudés aux cimaises, et l’homme en lévitation de Tony Matelli. Né en 1971 à Chicago, le sculpteur américain présente aussi ses Herbes folles, un ensembles de six bronzes peints jalonnant le parcours de l’exposition, telles des mauvaises herbes. Ne les arrachez pas, cela pourrait vous couter cher ! Au total, plus d’une trentaine d’œuvres habitent ce dédale étonnant qui donne à voir toute une humanité. Nous nous sommes attardés sur trois d’entre elles.

Sans titre (Babies), 2013 – Sam Jinks

Dérangeants pour certains, trop mimi pour d’autres, les nourrissons (Babies, 2013) réalisés par Sam Jinks ne laissent pas indifférents. Né en 1973 à Bendigo mais installé à Melbourne, l’artiste australien se démarque par son travail de miniaturisation. Si la plupart de ses homologues visent à conserver une échelle humaine, lui, il rapetisse ses modèles. Ses nourrissons intriguent. Sont-ils des jumeaux ou l’artiste joue-t-il sur un effet de miroir ? A vous de vous faire votre propre idée. Sam Jinks présente également dans l’exposition Steated Woman, 2022.
Laurie – série Attitude, 2013 – Daniel Firman

L’œuvre monumentale de Daniel Firman trônant au centre de l’exposition, baptisée Excentrique, 2003-2004, et jouant sur l’équilibre des corps, peine à convaincre à cause de son expression trop figée. Mais l’artiste français né en 1966 à Bron ne cesse de surprendre, voire de terroriser le visiteur avec Attitude, une série de statues constituée de silhouettes d’hommes et de femmes emmitouflés dans des vêtements, ne dévoilant aucune partie de leur anatomie et accoudés aux murs. Elles semblent pour le coup totalement habitées.

Amber Reclining (détail), 2015 – John DeAndrea

Empreinte d’une grande mélancolie, Amber Reclining (détail) clôture ce parcours sensationnel. Réalisé par l’artiste américain John DeAndrea, ce bronze polychrome aux cheveux naturels, renoue avec le nue féminin, figure emblématique de l’histoire de l’art. L’artiste y apporte une dimension hyper réaliste grâce à un grain de peau et une attitude expressive, troublants.

Exposition Hyper Sensible, à découvrir au Musée d’arts de Nantes jusqu’au 3 septembre 2023.
Pour en savoir plus sur l’exposition découvrez notre balade photographique ci-dessous, bonne visite !






















