A l’image de « Mullholland drive », le film inspirant de David Lynch, « This is how you will disappear », le mystérieux conte horrifique de Gisèle Vienne, continue à fasciner… longtemps après que le rideau se soit baissé !
12 ans après la première à Avignon, le Théâtre Chaillot (re)présente ce standard de l’artiste sur la grande scène du Théâtre National La Colline. Drame social ? Polar ? Conte horrifique ? Dans « This is how you will disappear », Gisèle Vienne nous perd dans une forêt fantastique ! Qu’a bien pu vouloir nous dire la chorégraphe et plasticienne en vogue ? Au final, cela n’a pas beaucoup d’importance, ce show est avant tout une expérience sensorielle hors du commun. Tout commence dans la forêt, unique décor mouvant et personnage à part entière. Une gymnaste sous l’emprise d’un entraîneur autoritaire finit par s’y blesser. Tout bascule. La brume entre en scène. Une brume façonnée par Fujiko Nakaya, inquiétante, rafraîchissante et qui a l’odeur des sous bois, se met à virevolter au rythme de la bande son chaotique et obsédante de Stephen O’Malley et Peter Rehberg. Cette transe surnaturelle et extraordinaire nous envoûte immédiatement. Elle pourrait durer des heures. Un rockeur vient l’interrompre et nous embarquer dans un récit cauchemardesque sublimé par un éclairage en clair-obscure d’une grande beauté. Malheureusement, le spectacle est ponctué par quelques dialogues un brin provocateurs et dispensables qui nous rappellent à une réalité confuse. Des mots et quelques précisions, « This is how you will disappear » n’en n’avait pas besoin. Enveloppée de mystères, la mise en scène recèle de suffisamment de trouvailles visuelles et poétiques, comme l’apparition totalement inattendue d’un faucon et d’une chouette blanche. Elles font toute la force de ce spectacle déroutant, éprouvant mais fascinant !
This is how you will disappear de Gisèle Vienne au Théâtre Chaillot hors les murs / Théâtre National La Colline jusqu’au 15 janvier 2023. Créé en collaboration avec, et interprété par Jonathan Capdevielle, Nuria Guiu Sagarra, et Jonathan Schatz.