Les toiles monumentales et humanistes de Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori dévoilées pour la première fois hors de l’Australie, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain.

Pour sa première exposition en dehors de l’Australie, l’artiste aborigène Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori investit, 7 ans après sa mort, la Fondation Cartier pour l’art contemporain. Son œuvre, colorée et en apparence abstraite, est avant tout un récit humaniste.

Exposition Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori à la Fondation Cartier © Benoit Gaboriaud

Aujourd’hui considérée comme l’une des plus grandes artistes australiennes de ces deux dernières décennies, Sally Gabori a eu un parcours atypique. Elle n’a commencé à peindre qu’en 2005, vers l’âge de 80 ans. Très vite, elle se démarque de la scène aborigène contemporaine et atteint une renommée internationale. Son histoire, qu’on retrouve dans ses toiles, est singulière. Elle est née vers 1924 sur l’île Bentinck, dans le golfe de Carpentarie, au nord de l’Australie et plus exactement dans la communauté autarcique kaiadilt, qui comptait seulement 125 habitants en 1944. Son nom Mirdidingkingathi Juwarnda, difficilement prononçable pour nous, provient, comme le veut la tradition, de son lieu de naissance et de son ancêtre totémique, le dauphin. En 1948, suite à un cyclone et un raz-de-marée qui inondent une grande partie de leurs terres, sa famille migre, contrainte et forcée, sur l’île Mornington où les enfants sont coupés de leurs parents avec interdiction de parler leur langue maternelle et par conséquent de perdurer leurs traditions. Ce n’est qu’à partir des années 1990, après des années de persécution et de lutte pour la reconnaissance des droits territoriaux aborigènes, que les Kaiadilt, dont Sally Gabori, obtiennent l’autorisation de retourner sur leur terre. 

Exposition Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori à la Fondation Cartier © Benoit Gaboriaud

Là, mais bien des années après son retour, l’artiste autodidacte commence à peindre pour célébrer son île natale, de manière apparemment abstraite mais finalement assez linéaire. Elle raconte une histoire, celle de sa famille et de ses proches, à grands coups de pinceaux sur des toiles monumentales, plus de 2000 au total. Elle réalise aussi trois peintures de 6 mètres de long avec ses sœurs et nièces, toutes nées sur l’île Bentinck avant l’exode. Ces œuvres marquent le début d’un travail collaboratif et familial, s’étalant jusqu’à sa mort en 2015.

Exposition Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori à la Fondation Cartier © Benoit Gaboriaud

La Fondation Cartier dévoile dans cette exposition, aérée, étonnante et poétique, une trentaine de toiles produites autour des années 2010. Une découverte majeure !

Exposition Mirdidingkingathi Juwarnda Sally Gabori à la Fondation Cartier pour l’art contemporain jusqu’au 6 novembre 2022.
Informations pratiques : www.fondationcartier.com

Ci-dessous, un tour de l’exposition en photos, bonne visite !