Vous n’allez pas bien ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas le seul. Pour vous en convaincre, direction le Festival Pop & Psy. Cette première édition gratuite investit le Ground Control, du 7 au 9 octobre ! Au programme : des concerts, des DJ sets, des tables rondes, des ateliers… de quoi se réjouir !

Gringe, Fary, Jeremy Ferrari, le cabaret Madame Arthur, entre autres, sont à l’affiche de « Pop & Psy », le premier festival consacré à la santé mentale, imaginé par le Dr Jean-Victor Blanc, médecin-psychiatre, Florence Tredez, journaliste et Directrice Artistique, et la Fondation Falret. Pour en savoir plus sur cette belle et originale initiative, nous sommes allés à la rencontre du Dr Jean-Victor Blanc, auteur de « Pop & Psy » et « Addicts : Comprendre les nouvelles addictions et s’en libérer ».

Quelle est la genèse de Pop & Psy ?
Dr Jean-Victor Blanc : « Culture Pop et Psy est né de la nécessité de changer la manière dont on perçoit la santé mentale. J’avais une carte blanche pour préparer une conférence à la Fondation des Etats-Unis, à la Cité Universitaire, et j’ai eu envie de parler à un public jeune, concerné par les troubles psychiques. C’était en 2018, l’année où Mariah Carey et Kanye West ont parlé de leurs troubles bipolaires et où « 13 Reasons Why » était le blockbuster de Netflix. Cette conférence eut beaucoup de succès, je l’ai refaite deux fois et ça a commencé à intéresser les médias. C’est comme ça que j’ai rencontré Florence Tredez, journaliste musique et société au ELLE. Son engagement sur le sujet et notre affinité intellectuelle ont été déterminants pour la suite. Elle m’a fait rencontrer mon éditeur, Grégory Berthier chez Plon, et puis c’est allé très vite: le livre Pop & Psy, les conférences au Mk2, le ciné club au Brady… Par la suite, toujours avec Florence, on a eu envie de proposer au Ground Control tout un festival « Pop & Psy », afin de continuer de changer le regard que l’on porte sur la santé mentale. »
Peut-on plus facilement parler de santé mentale aujourd’hui ou est-ce encore un sujet tabou ?
Dr Jean-Victor Blanc : « Grâce aux nombreux artistes, pour beaucoup américains, au progrès de la médecine psychiatrique et aux réseaux sociaux, c’est plus facile d’en parler aujourd’hui. Honnêtement, je pense qu’il y a 10 ou 20 ans nous n’aurions trouvé ni sponsors ni artistes prêts à soutenir cette cause. Ceci dit, on voit malgré tout qu’en France cela reste encore compliqué, et que le sujet fait peur: pas mal d’artistes ont décliné l’invitation par peur de réactions négatives… Mais bon, lorsqu’on voit l’authenticité avec laquelle Pomme par exemple, a accepté de parler de santé mentale dans notre podcast « Pop & Psy », on voit que les choses sont en train de bouger et ça fait plaisir ! »
Quels seront les moments forts du festival ?
Dr Jean-Victor Blanc : « Il n’y aura que des temps forts ! J’ai particulièrement hâte de voir le spectacle du cabaret de Madame Arthur, d’écouter Claire Marin, Jeremy Ferrari, de débattre lors de la table ronde sur l’éco-anxiété et de profiter de la soirée du collectif PowerPouf… Bref, du jeudi soir, avec la projection en avant première des « Amandiers », le prochain film de Valeria Bruni Tedeschi, au talk « Rire et Thérapie » avec Fary le dimanche, la programmation est très éclectique et on a encore quelques belles surprises en stock ! »

Un artiste peut-il mieux s’en sortir qu’une autre personne, à trouble équivalent ?
Dr Jean-Victor Blanc : « Question difficile, car si la célébrité peut aggraver des vulnérabilités individuelles, les troubles psychiques sont toujours multifactoriels: c’est à dire qu’il y a une origine héréditaire, environnementale, le fait de consommer des substances toxiques pour le cerveau comme des drogues etc… Il y aussi la question des liens entre créativité et troubles psychiques, qui fera l’objet d’un talk avec le Pr Raphaël Gaillard le samedi après-midi ! Si c’est aussi important que les artistes parlent de santé mentale, c’est parce que cela apporte une visibilité hors du commun sur le sujet. Le moment où le mot « trouble bipolaire » a été le plus recherché sur Google ces dix dernières années aux Etats-Unis c’est lorsque Mariah Carey en a parlé ! »

Quel artiste vivant ou mort auriez-vous aimé avoir pour patient et pourquoi ?
Dr Jean-Victor Blanc : « Mon vrai métier, à côté de Culture Pop et Psy, c’est médecin psychiatre à l’hôpital public, à Paris. Je n’y soigne pas vraiment des stars, mais tout le monde ! Je ne « rêve » donc pas d’avoir des patients célèbres… Si je dois citer une artiste dont la trajectoire m’a vraiment touché, ce serait Whitney Houston. J’ai grandi avec la BO de « Bodyguard » et était un peu obsédé par elle lorsque j’étais enfant. C’est pendant mes études de médecine qu’elle a commencé à aller vraiment mal, à la grande époque des paparazzi et de TMZ. La manière dont elle était traitée, comme un sujet de blague, un animal de cirque, nourri de misogynie et racisme, m’a marqué. A aucun moment, on ne parlait de santé mentale. Peut être que cela a joué dans ma vocation? En tout état de cause, elle est morte lors de ma première année d’internat en psychiatrie, et cela reste un exemple tragique de comment les troubles psychiques non pris en charge d’une artiste peuvent amener à une disparition prématurée. J’ose espérer que dix ans plus tard les choses ont suffisamment évolué pour que cela ne soit plus possible aujourd’hui. »
Informations pratiques : www.groundcontrolparis.com/project/festival-pop-psy/

Festival Pop & Psy au Ground Control du 7 au 9 octobre 2022.