Tel un poète écorché, Oete s’impose sur la scène française avec un premier album magistral « Armes & Paillettes », porté par une voix désarmante. Savants mélanges de variété française et de new wave dansante, ses chansons intimes titillent nos névroses pour mieux nous aider à nous en libérer ! Thibaut Blond, de son vrai nom, les célèbre en variété alternative. Petites explications par l’artiste lui-même !

C’est la première fois que nous nous rencontrons, je te pose donc la question, comment as-tu trouvé ton pseudo Oete ?
Oete : « Oete vient du mot « poète » ! Je voulais donner un nom particulier à mon alter ego. Oete évoque aussi le mot « eux » et je voulais en parler ou leur parler. »
D’où viens-tu ?
Oete : « Je viens de Picardie, un petit village de 250 âmes. La musique était pour moi totalement inaccessible. J’ai commencé par le théâtre puis le cirque. Je me sentais seul et je comblais avec la culture « intellectuelle » et non agricole qui m’entourait ! »

Ton album s’intitule « Armes & Paillettes », deux éléments opposés, de quelles armes s’agit-il ?
Oete : « Les événements qui ont pu nous atteindre nous arment pour mieux affronter la vie. Je fais plutôt référence à ce genre d’armes. Les paillettes sont là pour apporter une forme de candeur comme une petite voix intérieure qui me dit qu’il faut y croire. »
« Armes & Paillettes » est un savant mélange de variété française et de new wave.
Oete : « Oui ! J’ai voulu créer la case « variété alternative ». La variété a une image hyper kitch. Moi, j’ai baigné dans celle utra-kitch des années 2000, très commerciale, mais j’espère me rapprocher davantage de Christophe, Bashung ou Daniel Darc, qui sont pour moi des grandes plumes de la variété française. Feu! Chatterton ou Fishbach s’inscrivent totalement dans cette variété alternative que j’aime. »
Appartement, Fishbach t’aime beaucoup.
Oete : « Je ne sais pas si elle m’aime beaucoup mais moi je l’aime énormément. »
Dans tes clips, tu danses, c’est un art auquel tu es particulièrement sensible ?
Oete : « La danse est pour moi la manière la plus instinctive de s’exprimer. Quand je danse, je ne pense pas. C’est animal et libérateur ! J’ai vu « Room with a view » de (La)Horde et Rone, c’était fou ! La danse est la forme d’expression la moins verbale, c’est très primitif ! Ça me parle énormément. »
Pas de danse sans corps. Ton album commence justement par le titre « Corps & Ego ».
Oete : « Cette chanson traite de la névrose ou du complexe numéro un chez l’homme : le corps ! Il n’existe pas une personne qui ne soit pas complexée par son corps. Il y a plusieurs lectures possibles. La première, c’est un dialogue entre le corps et l’égo. La seconde est plus personnelle. Les autres avaient visiblement un problème avec mon corps et m’en renvoyaient une mauvaise image. En fait, c’est surtout eux qui en avait un avec le leur, ils faisaient un transfert sur le mien. J’ai toujours été soit trop gros, soit trop maigre. Mais je suis comme ça ! Cette chanson, c’est un hymne à l’amour de soi. Aimons-nous un peu plus, tout simplement ! »

Ta façon de chanter semble répondre à une urgence.
Oete : « Je vis dans l’urgence ! J’ai besoin d’être stimulé et l’urgence me stimule. Il faut agir. Par nature, je suis très impatient. Je travaille de façon instinctive. Je ne me pose jamais au piano en me disant que je vais écrire une chanson. Comme dit Spinoza : « Ni rire, ni pleurer, ni haïr, mais comprendre ». J’essaie d’être dans la vérité de l’instinct. Quand ça vient, il ne me faut pas plus de quinze minutes pour écrire une chanson. Ensuite, je travaille avec un arrangeur qui les transforme en chansons sur lesquelles on peut danser. L’idée, c’est vraiment de danser sur ses névroses. C’est la plus grande des victoires. Quand tu parles d’une MST et que tu danses dessus, c’est gagné ! La chanson « Défense » fait un petit buzz en Turquie grâce à une influenceuse qui danse dessus. Même si elle ne comprend, peut-être, pas les textes, elle comprend l’énergie et ce que j’avais envie de dire via le son. »
Du coup quand on écoute la chanson « HPV », on peut imaginer une relation toxique, mais il s’agit bien du papillomavirus humain, une MST.
Oete : « Cette chanson parle vraiment du virus, des circonstances dans lesquelles j’ai pu l’attraper. Je voulais en parler car c’est la MST la plus répandue chez les jeunes. 80% des jeunes la contractent mais elle ne se déclare que dans 2 à 6% des cas. Chez les hommes, il n’y a toujours pas de prévention, c’est assez dramatique. J’avais besoin d’en parler et de m’en libérer. J’essaie d’écrire de la manière la plus large possible pour que les gens puissent imaginer ce qu’ils ont envie. J’aime que mes chansons puissent avoir mille histoires. C’est encore une fois ce que j’aime chez Bashung et Fischbach. Il y a plein d’images ! »

Armes & Paillettes, le premier album d’Oete