Cet été, La Villa Arson fait le plein d’art et dévoile Rewinding Internationalism, Jazira et Resonating Ceramics : trois parcours engagés et trois ambiances hétéroclites !

Nichée sur les hauteurs de Nice, la Villa Arson offre un beau panorama sur la capitale de la Riviera mais aussi présente tout l’été trois nouvelles expositions variées : Rewinding Internationalism, Jazira et Resonating Ceramics. Une belle occasion de redécouvrir ce lieu étonnant chargé d’histoire.

La Villa Arson inaugure la première exposition personnelle en France d’EL Meya, baptisée Jazira : la plus facile d’accès des trois de ce programme estival. Véritable découverte, l’artiste algérienne, de son vrai nom Maya Benchikh El Fegoun, née en 1988 à Constantine, présente une série de grands formats réalisés dans son pays natal et au cours de sa résidence ici-même durant le printemps 2023. La peintre s’est inspirée du mot « île » en arabe qui aurait donné son nom à Alger. Jadis, la ville, et tout le pays avec elle, se serait ouverte sur un groupe d’îles situé au large : des terres qui auraient contribué à la mixité du peuple depuis la nuit des temps jusqu’aux années 60. El Meya est allé puisé dans cette légende son inspiration pour représenter un théâtre de marionnettes dont les gestuelles très précises et symboliques évoquent l’Histoire autant que des chimères. Mieux vaut se documenter car les références ne sont pas faciles à saisir, mais l’ensemble évoque un conte onirique et engagé, troublant.

L’exposition collective Rewinding Internationalism est assez complexe et nécessite aussi un temps de lecture avant d’y pénétrer. Elle plonge le visiteur dans les années 1990, mais fait écho aux années 2020 : deux périodes où l’internationalisme est en pleine mutation dans de nombreux contextes politiques et culturels. A travers différentes œuvres, Nick Aikens, le commissaire, fait se dialoguer deux époques, si loins si proches. L’exposition réunit pas moins de quarante artistes issus du monde entier et présente des prêts et des documents d’archives provenant de collections publiques et privées mais aussi de toutes nouvelles productions. La plus sensationnelle est sans conteste El virus que navega en el amor (1991-2016), œuvre culte de Miguel Parra Urrutia sur les années Sida, qui malheureusement se poursuivent de nos jours. En 1991, l’artiste avait placardé 25 affiches montrant la même image, celle de deux hommes s’embrassant, mais avec des textes et des couleurs différentes. Il précise comme le souligne le cartel d’exposition : « je voulais sortir le Sida de la morgue, en parler en dehors du discours officiel étatique de l’époque, en utilisant une image vitale et érotique ». Le titre de l’œuvre est tiré des paroles de la chanson El Fallo Positivo, du célèbre groupe espagnol Mecano qui a eu un gros impact au Chili, où à cette époque il était interdit de parler de la pandémie.

Grès noir, émail turquoise – 120 × 70 cm
Goutte, suspension en grès noir non émaillé -20 × 15 cm
© Benoit Gaboriaud
Enfin, Resonating Ceramics, trop scolaire, ne révèle que très peu d’intérêt, mais ce parcours de céramiques d’étudiants permet de (re)découvrir l’intégralité de la Villa Arson, des magnifiques terrasses (aux panoramas exceptionnels) au sous sol, où se cache la seule œuvre digne d’intérêt : Jacqueline et Jade (2022) de Debbie Alagen.
Rewinding Internationalism, Jazira et Resonating Ceramics à voir à La Villa Arson, à Nice, jusqu’au 27 août 2023.
Pour en savoir plus sur l’exposition découvrez notre balade photographique ci-dessous, bonne visite !

















