Plus de quarante ans après sa première représentation et après avoir rassemblé plus de 6 millions de spectateurs, la résurrection de « Starmania », initiée par Raphaël Hamburger, le fils de France Gall et de Michel Berger, est sans conteste magistrale à tout point de vue !
Dystopie visionnaire créée en 1978 et aujourd’hui résolument contemporaine, « Starmania » renaît de ses cendres grâce à une poignée d’artistes en vogue. La mise en scène est signée Thomas Jolly, aussi directeur artistique des cérémonies des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, à Paris. Le quarantenaire est épaulé de Sidi Larbi Cherkaoui à la chorégraphie, de Nicolas Ghesquière, Directeur artistique des collections Femme de Louis Vuitton, aux costumes et de Jean-Baptiste Mondino et M/M aux visuels. En résulte un show, total et tendance, sombre mais porté par une lumière particulièrement spectaculaire et surtout des interprètes hors pair. Mention spéciale à Magali Goblet qui incarne Stella Spotligh, la star sur le déclin. Dans l’air du temps, le rôle de Marie-Jeanne, la serveuse automate, a été attribué au jeune chanteur non binaire Alex Montembault qui s’en sort avec les honneurs. France Gall y fait même une apparition via un caméo original.

Tragédie des temps modernes, « Starmania » se déroule dans la ville de Monopolis, graphiquement inspirée cette fois-ci de « Metropolis » de Fritz Lang. Au cœur de cette cité dans laquelle des bandes rivales sèment le chaos, Zéro Janvier, devenu au fil de l’Histoire une caricature de Trump, et le Gourou Marabout se disputent « le trône ». Ce dernier personnage avait été créé pour la version originelle de 1978 mais avait par la suite disparu. Il fait donc son grand retour en 2022 pour symboliser le clan « écologie », non sans ironie. Divertissement grandiose, « Starmania » est aussi politique, en partie une critique corrosive de notre société occidentale qui sombre dans la violence, la vulgarité, l’individualisme et le paraître. A ce titre, Luc Plamondon, auteur des textes, avait vu particulièrement juste. Quant à la musique de Michel Berger, sa partition, portée par des tubes transgénérationnels, fonctionne toujours à merveille. Un petit bémol, la version de « Le Monde est stone », gâchée par des chœurs angéliques certes pas nouveaux, se révèle plus décorative que poignante, alors que ce « Starmania » ne manque pas de caractère et d’audace artistique ! Finalement, ce lifting est une entière réussite. On en sort les yeux pleins d’étoiles !

Toutes les informations pratiques ici : www.starmania-officiel.com