Des coulures s’estompant au fil du temps, des antiquités fantomatiques, des chevaux, des portables et des tongs caractérisent les œuvres monumentales de Marc Desgrandchamps, constituées souvent de plusieurs toiles : de deux à cinq ! Elles sont à découvrir au musée des Beaux-Arts de Dijon.

Né en 1960 à Sallanches et travaillant à Lyon, l’artiste dévoile 47 toiles au musée des Beaux-Arts de Dijon, le temps de l’exposition poétique Silhouettes. L’initiative fait sens. L’institution a acquis deux de ses œuvres en 2020 : un achat et un don. Dans cet accrochage aéré, l’accent a été mis sur l’évolution de son travail : une peinture maigre réalisée sur des toiles légèrement brunes. Au fil du parcours, chronologique (à quelques exceptions près) et thématique, les coulures disparaissent alors que des antiquités commence à peupler ses tableaux par des jeux de transparences : son style. Dans l’exposition où les toiles dialoguent entre elles, ce sujet fait son apparition de manière subtile dans un diptyque datant de 2000. En Grèce, sur les plages de Corinthe, le peintre photographie des jouets et des chaises en plastique abandonnées par les touristes. Dans cette œuvre, il leur donne des traits qui évoquent les ruines du temple d’Apollon situé à quelques kilomètres.

Marc Desgrandchamps ne se cantonne pas à cette période de l’histoire de l’art. Il revisite à plusieurs reprises Le Déjeuner sur l’herbe d’Edouard Manet, en offrant quelques indices sur l’origine véritable de son motif principal. Figurant en haut d’une de ses adaptations (à gauche sur la photographie ci-dessus), ces quelques mots, La Nymphe et le dieu Fleuve, rappellent que le groupe central du tableau du maître lui a été inspiré d’une gravure d’après Raphaël : Le jugement de Pâris. Dans une des acquisitions du musée de Dijon (à droite sur la photographie ci-dessous), il s’est aussi inspiré de l’architecture représentée par Piero della Francesca dans la célèbre Flagellation du Christ. A une des fenêtres, apparaît un personnage seul, regardant par sa fenêtre. Cet élément évoque le confinement, période à laquelle Marc Desgrandchamps réalise cet hommage très personnel.

Dans un grand nombre de ses toiles, des personnages, au visage trouble ou non défini, tiennent des portables. Nous sommes tentés de penser qu’ils photographient le monde qui les entoure, à la manière de l’artiste. Les nombreux clichés qu’il réalise régulièrement constituent le point de départ de son imaginaire, tout comme le cinéma de la Nouvelle Vague et plus particulièrement celui d’Antonioni. La plupart des œuvres dévoilées sont constituées de deux toiles qui n’en font qu’une, avec en son centre une rupture emblématique de son travail !

Poétiques, ludiques et truffées de références à l’histoire de l’art ou au cinéma, les peintures de Marc Desgrandchamps renferment bien des mystères et sont de ce fait passionnantes. Des petits détails permettent parfois d’en percer certains, en remontant le fil jusqu’à la source d’inspiration. Dans tous les cas, elles procurent un plaisir poétique immédiat.

Exposition Marc Desgrandchamps – Silhouettes au Musée des Beaux-Arts de Dijon, jusqu’au 28 août 2023.
Pour en savoir plus sur l’exposition découvrez notre balade photographique ci-dessous, bonne visite !

















