L’Opéra Comique présente une version haute en couleur, au sens propre comme au figuré du Bourgeois gentilhomme, le classique de Molière et Jean-Baptiste Lully.
Comment moderniser une pièce vieille de quatre cents ans, imaginée au château de Chambord, sans la dénaturer ? A l’époque de la création de cette comédie-ballet, l’humour n’était pas le même qu’aujourd’hui mais le metteur en scène Jérôme Deschamps y répond plutôt bien à L’Opéra Comique, en partie grâce aux costumes flashy de Vanessa Sannino. Ils donnent aux personnages une dimension fantaisiste, en accord avec le texte.

Particulièrement assidu à ses leçons, Monsieur Jourdain étudie les arts et les bonnes manières dans l’espoir de se faire une bonne réputation et de se fondre dans la masse des gens de qualité ! Grâce à son maître de philosophie, il découvre avec enthousiasme qu’il parle en prose. Maintes fois flattés mais surtout dupés, le coquin roturier se rêve aux côtés de la marquise qu’il convoite en toute discrétion, grâce à la complicité intéressée de Dorante ! Molière avait à l’époque imaginé cette pièce politique pour mettre en garde le Roi-Soleil contre ses courtisans et les Turcs. Saluée par le monarque, la pièce reste toujours d’actualité. Jérôme Deschamps la modernise avec subtilité. Il apporte quelques anachronismes amusants à des situations cocasses déjà parfaitement bien écrites. Ainsi, lors d’un buffet organisé par le gentilhomme pour séduire la marquise, M. Jourdain fait sortir du cochon posé sur le banquet, des saucissons, des saucisses… et même des tranches de jambon emballées dans du plastique. Jérôme Deschamps incarne lui-même le personnage du bourgeois en proposant un jeu volontairement clownesque mais un peu forcé. Celui de Guillaume Laloux en Dorante se distingue, lui, par des nuances plus subtiles. Dans son ensemble, le casting, sur scène et dans la fosse, est de bonne facture.

Malgré tout, ce Bourgeois gentilhomme pourtant inventif se révèle un peu long, surtout à cause des scènes musicales, certes bien dirigées par Théotime Langlois de Swarte, mais dont la partition originale de Jean-Baptiste Lully se révèle peu passionnante. De plus, elles sont souvent incompréhensibles ! Mais ce bémol n’enlève rien aux qualités indéniables de cette nouvelle adaptation moderne, tout et grand public, d’un classique issu d’un autre temps !
Le Bourgeois gentilhomme de Molière et Jean-baptiste Lully, mise en scène Jérôme Deschamps, à l’Opéra Comique jusqu’au 26 mars 2023.