Après l’aventure tourmentée et exaltante Her, Victor Solf revient en solo sous son vrai nom avec « Still. There’s Hope », un album hybride, subtil mélange de piano-voix, de soul et de musique électronique. Pour se démarquer du duo qu’il formait avec Simon Carpentier, l’artiste s’est affranchi des guitares et a trouvé son style propre qui n’est pas sans rappeler Elton John. Pour connaître son avis sur la question, nous en avons parlé avec lui, tout comme de deuil, de renaissance ou encore de Max Richter.

Après le décès de Simon Carpentier, ton ami et binôme, tu as décidé de poursuivre l’aventure Her en défendant notamment l’album éponyme sur scène pendant plus d’un an. Aujourd’hui, tu reviens en solo avec « Still. There’s Hop ». Comment s’est fait la transition entre Her et ton projet ?
Victor Solf : « J’ai hésité à continuer Her. Mais continuer Her alimentait pour moi une forme de déni de la disparition de Simon. En continuant Her, je continuais à le faire vivre et j’avais donc du mal à gérer son absence. Cela m’empêchait de faire le deuil. Je l’ai réalisé après avoir défendu l’album de Her sur scène pendant un an. Quand on m’a annoncé que je pouvais faire un Zénith, je me suis dit que c’était très important pour ma santé que ce soit le dernier concert de Her. J’ai pleuré pendant une heure de façon incontrôlable. Je ne pouvais plus parler mais j’ai eu aussi l’impression de reprendre possession de mon corps. A partir de ce moment, j’ai commencé à me projeter dans l’avenir, à me remettre à écrire et envisager la suite. Pendant cette période, j’ai notamment fait écouter mes démos à Yoann Lemoine (Woodkid). Il m’a dit très directement : « Tu dois enlever les guitares et te démarquer de Her, les guitares t’en empêchent ». Sur le coup, je n’ai pas trouvé ça très sympa. Après réflexion, je me suis rendu compte qu’il avait raison.
Je considère la musique comme quelque chose de thérapeutique, comme une manière d’exprimer mes sentiments, de poser des mots sur ce que je ressens. J’ai fonctionné comme cela pour terminer l’album de Her, pour réaliser mon EP « Aftermath » et pour cet album « Still. There’s Hope ». En fait, j’ai surtout eu du mal à trouver la bonne formule. « Traffic Lights » qui est aussi sur l’EP a été le déclic. C’est avec lui que j’ai trouvé le bon équilibre entre le piano, la soul et la musique électronique. J’ai beaucoup écouté Max Richter et Yann Tiersen. J’aime la mélancolie et la douceur qui se dégage de leurs albums. C’est cette mélancolie que j’ai recherchée au piano. Je l’ai mélangée à la soul qui m’accompagne depuis longtemps et à l’électro qui donne un ton plus actuel voire futuriste. J’ai mixé ces trois éléments dans « Traffic Lights ». Quand j’ai trouvé cette formule, je me suis dit que je pourrai m’en servir pour l’album ».

Je sais que tu n’aimes pas trop les comparaisons ou être enfermé dans des cases, mais en écoutant ton album, j’ai pensé à Elton John. Qu’en penses-tu ?
Victor Solf : « En fait, j’essaie de faire une musique qui puise dans plusieurs univers différents. Je déteste être enfermé dans une case. J’aime autant la mélancolie de Max Richter et d’Eric Satie que la soul d’Otis Redding ou le clavier d’un Mode Selector par exemple. Au début, je me suis forcé à mettre les ordinateurs de côté et à passer beaucoup de temps sur mon piano. Donc oui ! Je suis très content d’être comparé à Elton John. C’est un maître absolu du songwriting piano-voix. Pour cet album, j’ai eu cette démarche là qui s’inscrit dans la lignée de la soul et la pop anglaise ».
Dans le clip de « I Don’t Fit », tu es mis en scène dans une sorte d’accident de voiture. Tu sors du véhicule cabossé pour danser et retourner dans un autre. On peut voir ça comme une renaissance. On ne peut pas s’empêcher de faire le parallèle avec la disparition de Simon Carpentier dans ta vie. Est-ce le cas ?
Victor Solf : « I Don’t Fit » évoque les thèmes de l’affirmation de soi, de la confiance en soi et de l’estime de soi. Il est très difficile d’aimer les autres quand on ne s’aime pas soi même. Ce clip est une image des épreuves qu’on traverse dans la vie, la disparition de quelqu’un effectivement mais aussi les ruptures amoureuses. Le message dit qu’après un choc, il faut se relever dans un premier temps puis dans un second retourner au même endroit et reprendre les choses comme avant, croquer la vie à pleines dents. Il ne faut surtout pas se blinder, il faut avancer ».

« Still. There’s Hop » souffle comme un message d’espoir en ces temps troublés, d’où le titre de l’album ?
Victor Solf : « Est-ce possible d’avoir encore de l’espoir en 2020, 2021 ? Est-ce que je me sens encore optimiste, encore humaniste ? C’est la question que je me suis posé tout au long de la création de cet album. C’est facile d’être optimiste quand tout va bien, ça devient plus difficile quand on traverse des épreuves. J’ai encore de l’espoir malgré ces moments sombres qui traversent l’album. « Still. There’s Hope » est tourné vers l’optimisme. Ne pas être cynique, ne pas être fataliste est pour moi presque une forme de rébellion ».

“Still. There’s Hope”, le nouvel album de Victor Solf
Victor Solf sera à la Cigale le 6 octobre 20201
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