Véritable phénomène de la scène francophone, Pierre de Maere connaît depuis un an un succès grandissant que les Victoires de la Musique pourraient amplifier. Il y est nommé deux fois dans les catégories « Révélation masculine » et « Chanson originale ». Cet engouement, il le doit particulièrement à la chanson « Un jour je marierai un ange » qui cumule plus de 40 millions de streams. Mais assurément, le jeune belge de 21 ans ne sera pas la star éphémère d’un seul titre. Preuve en est avec « Regarde-moi », son premier album de pop baroque, épique et romantique qui vient confirmer tout le bien que nous pensions de lui. Le photographe convoité Marcin Kempski ne s’y est d’ailleurs pas trompé en acceptant de shooter la cover de son album. Nous ne serions pas étonnés de voir d’autres artistes se rapprocher très prochainement du chanteur en vogue.

Nous avons eu l’occasion de le rencontrer, juste après un shooting pour un magazine et juste avant une interview improvisée dans son taxi de retour. Cette fois-ci, a star is réellement born !
Dans le clip « Enfant de », tu apparais en rugbyman, dans celui de « Les oiseaux » en soldat. Avais-tu la volonté de déconstruire les mythes de la virilité masculine ?
Pierre de Maere : « Non, pas vraiment. Dans ma musique, beaucoup de choses sont dues à des heureux d’accidents. Tout n’est pas forcément pensé depuis le début. Dans « Enfant de », on est effectivement dans un cadre assez viril et sportif, le rugby, mais mon déhanché lui l’est beaucoup moins. Ce contraste est intéressant mais il est dû au hasard. Dans « Les oiseaux », c’est le côté dramatique de la guerre qui m’a intéressé. Quand je commence à écrire des chansons, au bout de dix lignes, je ne sais toujours pas ce que je vais dire. J’en écris de jolies, des musicales surtout. Je leur donne du sens plus tard en fonction de la mélodie que j’ai en tête, un peu comme si je réalisais un puzzle. Le fait que la chanson « Les oiseaux » ait en partie comme sujet la guerre est vraiment dû au hasard, ce n’était pas prémédité. Dans ce clip, j’endosse le rôle d’un soldat fragile qui essaie de déserter. Il veut fuir le champ de bataille sur lequel il a été envoyé contre son gré. Cette chanson, c’est la lettre de désespoir, d’amour et d’adieu d’un soldat adressée à sa belle ou à son beau qui l’attend. Effectivement, dans le clip, je ne correspond pas du tout aux standards du guerrier viril ».
Dans la chanson « Bel-Ami », tu parles de fuckboy, on peut donc s’interroger. Cette chanson t’a-t-elle été inspirée autant par le roman éponyme de Maupassant que par la société de production de film porno gay ?
Pierre de Maere : « Je connaissais le site porno belami avant d’écrire la chanson, j’ai même failli y faire référence. Ma chanson, c’est l’histoire d’un gigolo. Je me suis donc inspiré du personnage du roman de Guy de Maupassant qui est un séducteur mais qui finit par tomber amoureux d’une de ses conquêtes et donc par se ranger. Je dis : « C’en est fini d’mes histoires. J’ai laissé dans le noir. Les avances et les drôles de plans ». J’ai failli rajouter : « Promis, je n’irai plus sur belami » mais je ne l’ai pas fait. C’était trop direct. Je me suis uniquement inspiré du roman mais pour être très honnête, je n’ai lu que les 170 premières pages. Je suis un inculte. Mais dans ces 170 pages, il y a un passage génial, dans lequel le coach de Bel-Ami lui dit que la première chose qu’il doit faire quand il arrive à Paris, ce n’est pas d’avoir un beau logement, c’est d’avoir une belle tenue. Le costume avant le lit. C’est tout moi. Je suis installé à Paris depuis 6 mois et je n’ai toujours pas de lit, je dors sur un matelas. Par contre, j’ai une armada de costumes Gucci. J’écris alors dans le premier couplet : « Dans ma room, il n’y a pas de lit. Que du bling. Que des costumes cintrés hors de prix ». En référence au livre et à ma vie. »

La mode, c’est plus qu’un hobby pour toi ?
Pierre de Maere : « Mes costumes sont souvent des prêts. Je n’en ai aucun à moi. Je suis comme Cendrillon. J’adore la mode. C’est un univers très particulier. Le costume me met en confiance. Je ne suis pas fan de mon corps. Je suis ok avec mon visage mais mon corps est très longiligne, pas très sexy à mes yeux. Sur moi, je n’aime pas. J’essaie, non pas de cacher, mais de sublimer ma silhouette, ce que permettent les costumes. Porter un costume Gucci ou Yves Saint Laurent, c’est jouissif. Ce n’est pas une histoire de marque, c’est une histoire de coupe. En concert, je chante mieux en costume. »
As-tu déjà dessiné des costumes ?
Pierre de Maere : « Non, je dessine très mal, j’aurai adoré. C’était mon fantasme. A 18 ans, j’ai essayé de m’y mettre mais je me suis rendu compte très vite que c’était mauvais. »

Quelle est la question que tu aurais voulu que je te pose ?
Pierre de Maere : « J’aime bien quand on me questionne sur la prod. Je produis avec mon frère qui m’aide beaucoup sur les arrangements. J’adore ça, c’est ce que je préfère, encore plus que chanter ou écrire. J’aime le côté artisanal, perdre des heures et des heures sur des sons de batterie. Je veux réaliser des morceaux accessibles mais travaillés, réfléchis et novateurs. Je crois que l’album sonne assez « prod outre-atlantique ». »
En effet, l’intro de « Les animaux », comme d’autres arrangements électro de « Regarde-moi », évoque certaines prods de « ARTPOP », l’album de Lady Gaga. Est-elle une référence pour toi ?
Pierre de Maere : « J’adore Lady Gaga. J’adore la prod de cet album : baroque, un peu trop chargée même. Lady Gaga est ma mère spirituelle et musicale. Avec Stromae, c’est elle qui m’a donné envie de faire de la musique et de vendre du rêve. Elle n’a pas peur d’exister et de s’affirmer. C’est très américain comme mentalité, ici ça passe un peu moins bien. Quand Madonna est arrivée, elle a dit qu’elle allait changer le monde et nous montrer ce dont elle était capable. Pareil, Lady Gaga s’est imposée en disant qu’elle était la plus grande star du monde. Je ne pense pas comme ça mais j’adore cette audace. Ça me touche, ça rend les projets encore plus excitants. Et puis Lady Gaga, c’est la bienveillance, la tolérance. » Tout ce qu’il nous a été possible de voir chez Pierre de Maere !

Regarde-moi, le premier album de Pierre de Maere
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