On en parle aux informations, en terme de chiffres principalement. Mais qui sont ces exilés syriens ? « L’Odyssée d’Hakim », le chef-d’œuvre de Fabien Toulmé, y répondait parfaitement. Les autrices, Anaële Hermans, Manal Halil et Delphine Hermans, reviennent sur la question dans « Hayat, d’Alep à Bruxelles ». Leur récit met aussi en lumière un peuple méconnu au destin tragique, les Doms. Le ton est léger, le propos sans concession !

Hayat est la quatrième enfant d’une famille de Doms, une minorité ethnique syrienne aux mœurs bien différentes des nôtres. Chez eux, on se marie tout naturellement dès l’âge de 13 ans, entre cousins et sans esclandre. Le choix du conjoint se fait par les parents. La seule membre de la famille qui soit allée à l’école, Hayat est promise à un lâche et accro aux jeux, le cousin Mounir. L’adolescente de 15 ans ne peut pas contester la décision de sa mère. Une question d’honneur ! Elle doit donc s’accommoder de son vaurien, parfois brutal mais heureusement souvent absent. En 2011, au moment du printemps arabe, elle se retrouve seule avec deux enfants, sur le point d’accoucher. Une fois sa fille mise au monde, elle doit, seule, emmener sa famille à Bruxelles. Elle se souvient « surtout qu’entre adultes, le soir, on se murmurait qu’on était sur le chemin de la mort », mais à la différence d’Hakim, Hayat est un personnage de fiction savamment documenté. D’origine syrienne, Manal Halil œuvre à favoriser l’intégration des migrants et Anaële Hermans est scénariste belge et professeur de langue française auprès de migrants. Elles ont rassemblé leurs témoignages pour écrire ce récit, mis en images par Delphine Hermans. Une histoire aussi dérangeante que poignante !

Hayat, d’Alep à Bruxelles – Scénario : Anaële Hermans et Manal Halil – Dessin : Delphine Hermans – Pages : 184 – Prix : 25 €


