Cornucopia : le show avant-gardiste et merveilleux de Björk

Alors non ! A l’Accor Arena (Bercy), Björk n’a pas twerké comme ses consoeurs, elle n’aura pas non plus gratifié d’un “I love you too” mielleux son public entre chaque titre ou encore tenté un envol raté dans les airs. Bien ancrée dans son univers, la diva islandaise a livré un enchantement sonore et visuel, un véritable spectacle sensoriel unique, bref un concert mémorable !

Björk – Cornucopia © Santiago Felipe

Après une série de concerts orchestraux épurés, décalée en 2021 à cause de la crise de Covid-19, Björk revient déjà sur scène pour reprendre Cornucopia (corne d’abondance en latin) : un spectacle avant-gardiste initialement conçu pour la sortie de son album Utopia (2017) mais désormais repensé pour y introduire des morceaux de son dernier album Fossora (2022). A la croisée de ces deux univers : un enchantement sonore et visuel unique. 

Björk – Cornucopia à Paris © Santiago Felipe

Avant le début du show, les spectateurs étaient invités à patienter dans une ambiance sonore étonnante, constituée de sifflements d’oiseaux semblant provenir d’une autre planète, à l’instar de Björk véritable OVNI de la scène pop depuis plusieurs décennies. Cachée derrière ses masques et costumes extravagants et évoquant un monde végétal extra-terrestre ou post-humain, l’artiste en grande forme s’est révélée en performeuse hors pair. Une fois que le rideau à franges s’est ouvert, l’icône est apparue sous une salve d’applaudissements offerts par un public assis et respectueux : pas de téléphones, mais des oreilles et des yeux attentifs et émerveillés, de bout en bout. Tout un chacun a été happé par un flux d’images merveilleuses et poétiques signées Tobias Gremmler, Andy Huang, Nick Knight ou M/M, projetées à la fois sur le rideau à franges, surs des gigantesques voiles, sur deux écrans latéraux ou sur celui situé au fond de la scène. Certaines séquences s’additionnaient, d’autres se complétaient, célébrant toute une idée onirique de la nature. Elle a toujours été au centre des préoccupations de Björk. Cette fois-ci, elle l’a même invitée sur scène grâce aux talents du percussionniste Manu Delago qui a laissé l’eau s’exprimer tout en la guidant. Sont venus compléter le tableau : sept flûtistes, des clarinettistes, la harpiste Katie Buckley, l’instrumentiste électronique Bergur Þórisson et la chorale islandaise The Hamrahlíð Choir. 

“Victimhood” extrait de “Fossora”, le dernier album de Björk

La setlist parisienne incluait quelques titres plus anciens comme Venus as a Boy, Isobel ou Pagan Poetry, totalement réorchestrés à la sauce Fossora, mais aussi son tout nouveau clip dévoilé le jour même, Victimhood, réalisé par Gabriela Friðriksdóttir et Pierre-Alain Giraud. Dans cette nouvelle version de Cornucopia le talent coulait en abondance. Bien entourée, Björk signe une œuvre d’art contemporaine sensorielle sublime et innovante, une des plus belles qui nous était possible de découvrir ces dernières années.  

Cornucopia à découvrir à Bordeaux le 2 décembre 2023 et le 5 à Nantes.