Que vaut La couleur des choses de Martin Panchaud, Fauve d’Or du 50e Festival d’Angoulême ?

Le Festival d’Angoulême vient d’attribuer son Fauve d’Or, Prix du meilleur album, à « La couleur des choses », un roman graphique très épuré de Martin Panchaud.

La couleur des choses de Martin Panchaud © © 2022 Éditions çà et là pour l’édition française

Les éditions çà et là reçoivent pour la deuxième année consécutive le Fauve d’Or, la récompense suprême attribuée par le Festival d’Angoulême. Après « Ecoute, jolie Márcia » de Marcello Quintanilha en 2021, c’est au tour de « La couleur des choses » d’être couronné. Cet album au style graphique audacieux est signé Martin Panchaud, un auteur et illustrateur suisse de 41 ans. Un premier coup de maître ! Le Festival a récompensé un style visuel unique dans lequel l’auteur apprivoise sa dyslexie. Pourtant, les premières pages de l’album surprennent par leur absence de dessins élaborés ! Les décors évoquent les cartes de certaines applications de smartphones dans lesquelles les personnages sont représentés par des ronds colorés. Leurs déplacements sont matérialisés par des lignes. Peut-on parler de virtuosité ? Sur le plan purement graphique, non ! Mais ce style singulier, au premier coup d’œil déroutant, sert particulièrement bien le récit.

La couleur des choses de Martin Panchaud © © 2022 Éditions çà et là pour l’édition française

Simon, un jeune obèse de 14 ans moqué par son entourage, dérobe les économies de son père accro aux jeux d’argent et les mise aux courses, sur le cheval gagnant ! Banco, le souffre-douleur gagne le gros lot, mais n’étant pas majeur, il ne peut pas percevoir le gain. Il lui faut la signature d’un adulte. De retour chez lui, il découvre un carnage. Sa mère est laissée dans le coma et son père a disparu. L’ado pourtant timoré se lance à sa recherche, et au fil de l’histoire se transforme en anti-héros particulièrement attachant, malgré l’absence de traits qui pourraient le caractériser. Martin Panchaud a réalisé cet album grâce à des logiciels de mise en page et de cartographie comme Google Maps, InDesign ou encore Illustrator. Influencé par Chris Ware, l’artiste parvient à tenir en haleine le lecteur avec de simples formes géométriques, mais aussi une bonne dose d’humour, des dialogues bien senties, et des rebondissements inattendus ! Que demander de plus ?

La couleur des choses – Scénario et dessin : Martin Panchaud – Pages : 236 – Prix 24 € – Editeur : çà et là pour l’édition française