Attention, derniers jours ! « Moriyama – Tomatsu : Tokyo », la rencontre de deux maîtres à la MEP

Avec « Moriyama – Tomatsu : Tokyo », la MEP réunit deux maîtres de la photographie japonaise. Cette exposition événement avait été souhaitée par les artistes eux-mêmes, dès 2012. Elle voit enfin le jour, pour notre plus grand plaisir !

Daido Moriyama – Untitled, de la série « Provoke » © Daido Moriyama Photo Foundation. Courtesy of Akio Nagasawa Gallery.

La MEP réalise enfin le rêve de deux amis, deux artistes qui avaient l’idée d’exposer ensemble. Malheureusement, le destin en aura voulu autrement, jusqu’à aujourd’hui. Le décès de Shomei Tomatsu, en 2012, avait enterré le projet que la Maison Européenne de la Photographie a fait brillamment sortir de terre. Conçue en étroite collaboration avec Daido Moriyama et la veuve de Shomei Tomatsu, Yasuko Tomatsu, la scénographie nous plonge dans le Tokyo, cosmopolite et underground, fréquenté par les deux photographes à des périodes différentes. Tomatsu étant de 8 ans l’aîné de Moriyama. 

« Moriyama – Tomatsu : Tokyo », la MEP © B. Gaboriaud

Tomatsu arrive dans la mégapole en 1954, il s’intéresse au prolétariat dans un pays meurtri par la Seconde Guerre Mondiale, puis dès 1958, fasciné par l’américanisation du pays, il se lance dans son grand projet « Chewing Gum & Chocolate », mais il revient très vite à son sujet de prédilection : la rue avec ses Chindownyassans et sa matière, l’asphalte. Enfin, il resserre le cadre sur Shinjuku, un quartier effervescent le jour et peuplé de jeunes marginaux la nuit. Ce microcosme chaotique attire aussi l’attention de Moriyama. Son travail, nettement plus graphique, contrasté et hétéroclite, scandalise dès le début ! En 1969, à la manière des sérigraphies de la série « Death and Disaster » (1968) d’Andy Warhol, il réalise la série « Accident », dans laquelle il se réapproprie des photographies d’accidents de la route nocturnes et violents. Le résultat est sidérant, tout comme la série « Pantomine » de 1963, qui rassemble des photographies de foetus stockés dans du formol. L’artiste réalise ce premier projet personnel dans une maternité de Tokyo, à seulement 25 ans !

« Moriyama – Tomatsu : Tokyo », la MEP © B. Gaboriaud

Enfin, l’exposition très riche ne fait pas l’impasse sur la couleur. Moriyama capte au Polaroïd, les moindres recoins de la ville pour en saisir encore une fois le chaos et la décadence. Magistral !

« Moriyama – Tomatsu : Tokyo », la MEP jusqu’au 24 octobre 2021
Information pratiques : https://www.mep-fr.org