Qui est l’aquarelliste anglais Thomas Girtin (1775-1802), rival et ami de William Turner ? La réponse dans la BD Le peintre oublié d’Oscar Zárate !

A travers l’histoire actuelle et personnelle de trois peintres amateurs, d’un certain âge, Oscar Zárate dresse le portrait en BD de Thomas Girtin dans Le peintre oublié (Futuropolis, 2023). Mort de la tuberculose à l’âge de 27 ans, l’artiste-dandy était promu à un bel avenir, du moins, c’est ce que pensent Arturo, Sarah et Fred. Ce dernier leur transmet le virus de cet aquarelliste remarquable mais disparu trop jeune. A l’atelier où ils prennent des cours, autour d’un verre dans un bar ou d’un barbecue, ils partagent leur passion naissante et leurs découvertes, mais aussi au fil du temps leur intimité. D’origine argentine, Arturo a fui la dictature militaire dans les années 1970 pour s’installer à Londres, comme l’auteur âgé aujourd’hui de 81 ans. Athée, il n’hésite pas à taquiner Sarah, fervente catholique qui ne se remet pas d’avoir coupé les ponts avec son amie de jeunesse, une peintre plus motivée et douée qu’elle. Mais celui qui attire toute l’attention, c’est Fred qui vient de se faire virer de son entreprise après avoir fait des découvertes compromettantes. Il cherche alors un peu d’évasion et de réconfort en la personne de Thomas Girtin.
À la fois fiction contemporaine et récit historique, Le Peintre oublié est composé de deux histoires qui s’interpénètrent pour ne former qu’un seul récit, un brin long : 384 pages ! Si les destins d’Arturo et Sarah sont assez touchants, celui de Fred reste peu vraisemblable. Mais cette trouvaille du bédéiste pour mettre en lumière Thomas Girtin est plutôt originale. Ainsi, cet ouvrage se démarque des biographies linéaires souvent barbantes, tout en restant très informative. Au fil de cette romance, l’artiste-dandy, soutenu par les mécènes mais républicain convaincu, se dévoile. Durant sa courte carrière, le jeune homme ne cesse d’immortaliser des paysages voués à disparaître avec l’arrivée de l’industrialisation, comme le souligne Arturo : « C’est de ça que parlent tes sublimes tableaux. C’est de… disparition ». Visiblement Oscar Zárate est convaincu de son génie, et rappelle certains propos hypothétiques entre Girtin et Turner : « Tu te serais fait couper le petit doigt pour l’avoir peinte » (La Maison Blanche, Chelsea, 1800), ou encore : « Si j’avais vécu, tu serais mort de faim ». Une fois l’album terminé, on en sort grandi, avec la sensation d’avoir fait de belles rencontres !
Le peintre oublié – Scénario et dessin : Oscar Zárate – Pages : 36 € – Editeur : Futuropolis


