Quand Magritte s’inspirait de Renoir. Surprenant !

Quel est le lien entre Magritte et Renoir ? Le Musée de l’Orangerie y répond très bien, le temps de l’exposition « Magritte / Renoir, le surréalisme en plein soleil ».

Plutôt surprenante mais finalement évidente, la « Période Renoir » de René Magritte est loin d’être anecdotique. Le peintre du « Bal du moulin de la Galette » a nourri l’imaginaire de celui de « Ceci n’est pas une pipe » dans les années 40. Quand on regarde les œuvres emblématiques des deux artistes, à priori rien ne semble les rassembler, et pourtant en y regardant de plus près, des clins d’œil surgissent comme une évidence.

Magritte / Renoir, le surréalisme en plein soleil ©B. Gaboriaud

« Magritte / Renoir, le surréalisme en plein soleil » est la première exposition à dévoiler un chapitre de l’œuvre de Magritte assez méconnu. La scénographie montre très bien comment des toiles du peintre impressionniste ont inspiré le travail de l’artiste surréaliste. La comparaison est loin d’être tirée par les cheveux.

Magritte / Renoir, le surréalisme en plein soleil ©B. Gaboriaud

En 1941, René Magritte écrit cette lettre troublante à Paul Eluard : « Le beau côté de la vie serait le domaine que j’explorerais. J’entends par là tout l’attirail traditionnel des choses charmantes, les femmes, les fleurs, les oiseaux, les arbres, l’atmosphère de bonheur… c’est un charme assez puissant qui remplace maintenant dans mes tableaux la poésie inquiétante que je m’étais évertué jadis à atteindre ». L’artiste belge était alors convaincu que la défaite allemande à Stalingrad était annonciatrice de la fin du nazisme et du conflit mondial. L’artiste s’était un peu emballé, mais cet élan de bonne humeur lui a permis de se lancer dans un nouveau projet de réforme du surréalisme basé sur son inspiration de Renoir et baptisé « Manifeste pour un surréalisme en plein soleil ». En 1946, le leader du mouvement surréalisme, André Breton, ne l’entend pas de cette façon et lui fait savoir, malgré tout Magritte poursuivra son expérimentation jusqu’en 1947.

Magritte / Renoir, le surréalisme en plein soleil ©B. Gaboriaud

Animé par un cynisme, Magritte ne se laisse pas décourager et enfonce le clou en créant sa « Période Vache », en 1948. Une provocation que certains critiques interpréteront comme un rapprochement au fauvisme.

Le Premier jour, 1943 – Collection privée © Photothèque R. Magritte / Adagp Images, Paris, 2021

La plupart des œuvres exposées appartiennent à des collections particulières et sont particulièrement étonnantes comme « Le premier jour », 1943. Ce tableau est sûrement le plus impressionniste de Magritte, mais témoigne toujours de son humour. Pour ce portrait d’un violoniste, il emprunte à Renoir la touche vibrante, les carnations rosées et le chapeau de paille en forme de cloche. Le musicien y ferait probablement danser Sheila Legge, la danseuse britannique surréaliste avec laquelle il entretenait une relation amoureuse en 1936. Au conditionnel, car cela n’a jamais été dit officiellement.

Des mystères, l’exposition « Magritte / Renoir, le surréalisme en plein soleil » en contient plus d’un et présente surtout une facette peu dévoilée du travail de Magritte.

Magritte / Renoir, le surréalisme en plein soleil au Musée de l’Orangerie jusqu’au 19 juillet 2021
Les infos pratiques : http://www.musee-orangerie.fr