Dans Le ciel de Nantes, Christophe Honoré réveille ses fantômes familiaux avec fantaisie et sous fond d’Histoire sociale

Après « Les Idoles » (Odéon, 2019), Christophe Honoré revient sur les planches. Dans « Le ciel de Nantes », l’auteur-réalisateur rend hommage, avec fantaisie et à travers sa famille maternelle, à toute une classe sociale.

Le ciel de Nantes © Jean Louis Fernandez

Après « Les Idoles » (Odéon, 2019), dans laquelle il présentait sa famille artistique, Christophe Honoré continue de creuser son passé dans « Le ciel de Nantes » et prolonge ainsi le dialogue entre théâtre, 7ème art et biographie. La pièce commence dans une salle de cinéma. Christophe Honoré (Youssouf Abi-Ayad sur scène) présente, à des membres de sa famille, le film qu’il voudrait faire sur eux. La projection tourne court. Son oncle l’interrompt, lui reprochant d’embellir les faits avec de faux détails inutiles. Mais ce sont justement ces détails un brin fantaisistes qui font toute la poésie et la magie de l’œuvre de Christophe Honoré.

Le ciel de Nantes © Jean Louis Fernandez

L’artiste réveille les morts. A part sa mère, incarnée par son frère Julien Honoré, tous les protagonistes sont décédés. Leurs fantômes ne se déchirent pas moins pour autant, parfois avec humour. Chacun a sa version des faits… dramatiques. Suicide, femme battue, vice, divorces multiples, précarité, internement, la lignée d’Odette, la grand-mère et personnage central, n’a pas été épargnée. Mais cette famille écorchée, loin du Paris bobo-artistique auquel est associé le réalisateur des « Chansons d’amour », le metteur en scène a voulu lui rendre hommage, presque justice. Et puis, à travers elle, il dresse le portrait d’une classe ouvrière désemparée, de laquelle il s’est échappé mais qu’il ne peut renier par devoir de mémoire. Alors, il magnifie l’histoire à l’aide de projections, de chansons et de danses et c’est sûrement comme ça que le message passe le mieux.

Le ciel de Nantes de Christophe Honoré avec Youssouf Abi-Ayad, Harrison Arévalo, Jean-Charles Clichet, Julien Honoré, Chiara Mastroianni, Stéphane Roger et Marlène Saldana, au théâtre de l’Odéon jusqu’au 3 avril 2022.