Je suis métisse, une autofiction forte de Sayra Begum sur le métissage culturel

Tiraillée entre deux mondes, deux cultures, celle de son père, anglais, et celle de sa mère, bangladeshienne et musulmane, Shuna raconte son apprentissage mouvementé de la vie dans « Je suis métisse », un beau et fort roman graphique de Sayra Begum. 

Je suis métisse de Sayra Begum © Delcourt Mirages

L’album s’ouvre sur le mariage de Shuna, l’alter ego de Sayra Begum. Ses parents y sont absents. Son père était prêt à le célébrer mais, menacé par son épouse au fort caractère qui lui a promis de divorcer s’il y allait, il a dû y renoncer. La cause ? Sa mère n’accepte pas que sa fille épouse un anglais non musulman, un affront pour toute la famille, selon elle. Dans le passé, elle avait déjà banni son fils. Le jeune homme fréquentait une femme qui avait un enfant. Comment grandir dans un pays quand tout chez soi est régi par des règles inadaptées à ce même pays ? Sayra Begum y répond en toute liberté, graphique notamment. D’un format pas banal (198 x 263 mm), son récit va au-delà des cases. Son trait au crayon, nuancé ou tendu, virevolte de page en page et illustre parfaitement les regards menaçants, le poids des traditions, le tiraillement ou la colère. Dans « Je suis métisse », l’autrice anglaise met aussi en lumière, avec subtilité et sans pathos, la communauté bangladeshienne musulmane au Royaume-Uni, peu médiatisée, dans laquelle les jeunes font face à une domination parentale ici désuète. Un passage obligé !

Je suis métisse – Scénario et dessin : Sayra Begum – Pages : 264 – Prix : 27,95 € – Editeur : Delcourt Mirages