En rupture de style totale avec les BB Brunes, Adrien Gallo présente « Là où les saules ne pleurent pas », un album d’une rare délicatesse sur lequel plane le fantôme bienveillant de son père, Jean-Pierre Gallo. Ces nouvelles chansons intimes et organiques évoquent le meilleur de Michel Legrand ou Michel Berger. Ses petits enfants l’ouvrent avec leurs rires et Vanessa Paradis y apparaît en muse angélique, mais des souvenirs viennent parfois assombrir le décor. « Là où les saules ne pleurent pas » est à l’image de sa vie, ni toute rose, ni toute noire. Nous avons eu l’occasion de le rencontrer à l’hôtel Grand Amour pour parler de ce joyau.

« Là où les saules ne pleurent pas » est un album de chansons françaises alliant des mélodies imparables et une production classique raffinée. Comment est né ce projet ?
Adrien Gallo : « C’est mon projet le plus intime et le plus personnel. Pour écrire et composer ces nouvelles chansons, j’ai eu besoin de 5 ans. Je les avais mises de côté, car ma démarche était différente. Je relisais beaucoup les poèmes de mon père, je suis allé chercher dans mes souvenirs d’enfance, au plus profond de moi. J’ai tout composé sur le piano qu’il m’avait offert quand j’avais 5 ans. Je me suis vraiment investi dans l’écriture des arrangements, notamment de cordes. C’est un album aussi particulier parce que mes deux fils sont arrivés au moment de l’enregistrement, ils ouvrent d’ailleurs « Là où les saules ne pleurent pas » avec leurs petits rires. Cet album dans lequel mon père est omniprésent leur est dédié. »

« Là où les saules ne pleurent pas » est très organique et intemporel.
Adrien Gallo : « J’avais envie de me rapprocher de la chanson française traditionnelle ou des auteurs à texte comme Brassens, Moustaki ou Barbara. Il me fallait alors des arrangements intemporels qui puissent parler à tout le monde. Pas d’électro donc ! Nous avons enregistré dans les conditions du live, dans la même pièce avec tous les musiciens, parfois même en une seule prise, à l’ancienne ! C’est une chance car c’est aujourd’hui assez rare de pouvoir travailler comme cela. »
Notamment dans « Chute », on entend des flûtes, un choix audacieux aujourd’hui !
Adrien Gallo : « Oui ! Mon premier souvenir musical, c’est « Pierre et le Loup » de Prokofiev. J’ai fait 5 ans de piano classique aussi. Je ne veux pas être coupé de l’époque, mais j’aime bien aller chercher dans le passé des éléments qui me plaisent et que je trouve pertinent. Il a été réalisé en 2021 donc il sonne moderne aussi. »

Cet album très personnel évoque la musique de Michel Legrand ou Michel Berger. Te sens-tu proche de ces artistes ? Comme eux, aimerais-tu écrire une comédie musicale ?
Adrien Gallo : « Oui, j’adore Michel Legrand, mais aussi la bande originale de « Les choses de la vie » de Philippe Sarde et notamment « La chanson d’Hélène ». J’adorerais écrire la musique d’un film, cet album me donne encore plus envie de le faire. Même si je n’ai que quelques notions de solfège, j’arrive quand même à écrire des arrangements en étant aidé. Aujourd’hui, même en étant néophyte, on peut tout faire avec un ordinateur. Il y a beaucoup d’influences dans cet album, c’est certain, mais j’espère qu’il y a une originalité et un peu de moi dedans. »
On a souvent décrit l’univers de Jacques Demy, porté par la musique de Michel Legrand, par ces couleurs : « le rose et le noir ». Est-ce que cela pourrait aussi te correspondre ?
Adrien Gallo : « Oui, j’aime bien ! Finalement la vie est comme ça. Pendant l’écriture, j’ai parfois traversé des périodes douloureuses. J’ai vécu une rupture dont j’ai eu du mal à me remettre. J’ai écrit « Des adieux » 3 jours après. « L’un aime l’autre et l’autre un autre » parle aussi de ça ! J’ai eu des grands moments de solitude, « Ils solitudes » en parle. Mais, il y a aussi des souvenirs d’enfance merveilleux. Le titre « Là où les saules ne pleurent pas » évoque ceux à la campagne avec mes parents, en famille. L’album est un mélange de tout cela. Ma vie n’est ni toute rose, ni toute noire. »
« Là où les saules ne pleurent pas », ça se trouve où ?
Adrien Gallo : « C’est un endroit fantasmé, un peu rêvé où tout irait bien, où le monde tournerait rond. Il n’y aurait plus de misère, plus de guerre… Je pense que c’est important de rêver d’un monde meilleur. Je voulais aussi que cet album soit lumineux et solaire. C’est un appel à la tendresse. « Là où les saules ne pleurent pas », c’est un refuge comme peut l’être la musique. »
Cet album contient deux duos avec Vanessa Paradis, comment s’est passée la rencontre ?
Adrien Gallo : « Cette rencontre date. J’ai participé à son album « Love Songs » sorti en 2013. Nous avions une relation épistolaire, on s’écrivait beaucoup par mail. Enfin, c’est surtout moi qui lui envoyais beaucoup de chansons (rires), mais elle a toujours eu un regard bienveillant. Beaucoup de chansons de cet album ne seraient pas nées sans son soutien. A la base, elles lui étaient parfois même destinées comme « Les jolies choses » et « Les clochettes de mai ». Tout a été très simple. Elle est venue tout naturellement en studio. Vanessa Paradis est un peu la marraine du disque, la bonne étoile. Je l’en remercie. »
Et les autres membres des BB Brunes, ils en pensent quoi de cet album ?
Adrien Gallo : « Ils ont beaucoup aimé, ils m’ont dit en rigolant que c’était un album de papa. Felix m’a fait des supers retours détaillés. « Ils solitudes » est sa préférée. Ils sont très contents pour moi. »

« Là où les saules ne pleurent pas », le deuxième album d’Adrien Gallo