Notre série de l’été : Décryptage de l’œuvre de Peder Severin Krøyer 2/2

Assez méconnue du grand public, l’œuvre du peintre danois Peder Severin Krøyer investit le Musée Marmottan Monet, le temps de l’exposition incontournable « L’heure bleue de Peder Severin Krøyer ».

L’heure bleue de Peder Severin Krøye ©B. Gaboriaud

L’exposition « L’heure bleue de Peder Severin Krøyer » fermera ses portes le 26 septembre 2021. D’ici là, le commissaire de l’exposition Dominique Lobstein nous présentera quatre tableaux emblématiques du travail du peintre longtemps oublié. Après « Soirée calme sur la plage de Skagen » (1893), nous poursuivons avec « Garçons se baignant un soir d’été sur la plage de Skagen » (1899), une oeuvre résolument dans l’air de son temps.

Garçons se baignant un soir d’été sur la plage de Skagen
1899
Huile sur toile
100, 5 x 153 cm
Copenhague, Statens Museum for Kunst
© SMK Photo/Jakob Skou-Hansen

Dominique Lobstein, commissaire de l’exposition : « Quand Peder Severin Krøyer est arrivé à Skagen en 1882, il a d’abord peint des pêcheurs, mais il s’est mis à peindre à un moment un peu particulier de l’histoire du Danemark. En 1864, le pays est envahi par les prussiens. En 1867, la Prusse annexe deux provinces, le Schleswig et le Holstein, et met le feu à Copenhague. L’économie danoise est réduite à néant. Sur ce néant se reconstruit une nouvelle bourgeoisie qui souhaite que les artistes proposent quelque chose de nouveau. En parallèle, en 1870, la France est aussi envahie par les prussiens, perd l’Alsace et la Lorraine, et est condamnée à payer une énorme indemnité de guerre. Ici aussi, une nouvelle bourgeoisie se sent obligée d’avoir ses artistes propres. Dans les deux cas, cette bourgeoisie souhaite que ces artistes racontent le temps qui vient de se terminer, en France l’agriculture avec Jules Bastien-Lepage et au Danemark la pêche avec Krøyer. Cette similitude entre les deux pays a créé des liens. Jusqu’en 1870, les danois allaient se former à Berlin, Munich ou Dresde, mais ne venaient pas en France. C’est seulement après en 1864, et surtout après 1870, que les danois ont commencé à venir en France. 

L’heure bleue de Peder Severin Krøye ©B. Gaboriaud

Krøyer s’est donc lancé dans les pêcheurs, mais le sujet était un peu rude et pour une bourgeoisie bien ciblée. L’artiste a voulu faire autre chose alors dans un même tableau, il réunit des pêcheurs et des enfants qui se baignent. Il a produit des oeuvres de ce type jusque dans les années 80. En 89, après avoir épousé Marie, il part en voyage de noce à Amalfi et il voit des petits garçons se baignant tout nus. Il en fait des croquis. A son retour, il se met à peindre ces scènes qui sont tout à fait dans l’esprit du moment et qui correspondent au vitalisme, un mouvement dans lequel l’entretien du corps, le soleil, l’eau et la nature sont essentiels. Krøyer se jette dans ce mouvement, mais comme c’est d’abord la lumière qui l’intéresse, on retrouve ici dans ce tableau cette fameuse « heure bleue »

L’heure bleue de Peder Severin Krøye ©B. Gaboriaud

Entre 1990 et 1903 environ, Krøyer se consacre essentiellement à cela. On retrouve des similitudes avec le peintre espagnol Sorolla, mais ils ne sont jamais rencontrés et nous n’avons aucun élément pour comprendre pourquoi ils sont si proches. »

A lire ici notre premier épisode consacré à « Soirée calme sur la plage de Skagen » (1893) : https://lessentiart.fr/l-heure-bleue-peder-severin-kroyer-marmottant-monet/

L’heure bleue de Peder Severin Krøyer, au Musée Marmottant Monet jusqu’au 26 septembre 2021
Informations pratiques : https://www.marmottan.fr