Héritière de François Hardy mais résolument dans l’air du temps, Alexia Gredy dévoile « Hors saison », un premier album hors du temps qu’elle présente comme un inventaire des sentiments. Juste avec un filet de voix et un ton juste, la jeune artiste transmet effectivement des émotions fortes. Un beau miracle qu’elle aura mis quatre ans à réaliser.

4 ans se sont écoulés depuis la sortie de ton Ep « L’habitude2 », pourquoi avoir mis autant de temps à réaliser ton album, dans une industrie musicale où tout va pourtant très vite ?
Alexia Gredy : « Mon premier Ep s’est fait au fil des rencontres, celles de Baxter Dury et du groupe Aline notamment. Pour l’album, j’ai eu envie de prendre le temps et de réfléchir au son. Je voulais une unité et créer une ambiance. Sortir un premier album, ça n’arrive qu’une fois dans une vie. Je l’ai mis un peu sur un piédestal et j’ai voulu participer à tous les processus de création. Je ne voulais surtout pas le bâcler en me disant que c’était gagné d’avance parce que l’Ep avait bien marché. »

Tu as enregistré ce premier Ep à Bristol, le fief du trip-hop dont Portishead et Massive Attack sont les pionniers. C’est un style de musique que tu écoutais ?
Alexia Gredy : « J’aime beaucoup Baxter Dury. Mon éditeur m’a dit qu’il fallait le contacter, lui écrire. Pour moi, c’était envoyer une bouteille à la mer, mais en fait, il a répondu qu’il aimait beaucoup mes chansons. Il m’a proposé de les enregistrer avec Geoff Barrow, membre de Portishead. Du coup, on a enregistré les trois chansons de l’Ep à Bristol dans son studio. Quand j’ai su que ça allait se faire, j’étais en panique totale. Je suis admirative de son travail ! Il fallait me pincer [rires]. »
Aujourd’hui tu présentes enfin « Hors saison » enregistré cette fois-ci à Paris, mais on y retrouve un peu cette mélancolie emblématique de Bristol.
Alexia Gredy : « Il y a des chansons très mélancoliques mais pour moi cet album est un inventaire des sentiments, il y en a des joyeux et des plus tristes. Je l’assimile plus à du romantisme dans le sens romanesque. Le thème du passage du temps est assez récurrent. « Balader dans les roses » est effectivement totalement mélancolique, elle traite de l’abandon, du deuil d’une relation. Mais, il n’est pas question que d’amour, il y a des chansons qui parlent d’admiration, du rapport à l’autre. Je voulais parler essentiellement de sentiments forts qui m’animent et me réveillent, de pulsions et d’instinct. »
Le premier titre s’intitule « Vertigo », est-ce un clin d’œil au film d’Alfred Hitchcock, rebaptisé « Sueurs froides » en français ?
Alexia Gredy : « C’est juste un clin d’œil effectivement. Le texte n’a rien à voir avec le film d’Hitchcock mais traite du vertige aussi, du vertige amoureux, des histoires intenses. »
Le clip évoque un peu plus le film où même certains de David Lynch.
Alexia Gredy : « Effectivement ! Le clip évoque cette déclaration d’amour aux histoires intenses, comme celle aussi de mon rapport à la scène. C’est l’histoire de quelqu’un qui va monter sur scène pour la première fois, qui s’imagine en pyjama, qui est complètement dépassé mais qui a envie d’y aller. »
Comme c’est ton premier album, on ne peut pas s’empêcher de faire des comparaisons. On te voit souvent comme une héritière de Françoise Hardy, qu’en penses-tu ?
Alexia Gredy : « C’est un compliment incroyable, mais avant je l’écoutais très peu. J’ai rattrapé mon retard et évidemment j’adore ! Mais ce n’est pas elle qui m’a donné envie de faire des chansons. »
Qui ou quoi alors ?
Alexia Gredy : « Ce qui m’a donné envie de faire de la musique, c’est la lecture. En lisant, j’ai compris qu’on pouvait s’exprimer sans être totalement impudique. Dans mon écriture, le son et le sens sont très liés, un rythme induit un phrasé particulier. Quand j’étais petite, j’écrivais des textes sans connaître le sens des mots, mais j’aimais bien leurs associations. Ca n’avait ni queue ni tête, mais ça sonnait bien [rires]. En musique, j’écoute beaucoup les différents projets de Damon Albarn mais je n’ai jamais fait le rapport entre ce que j’aime et ce que je fais. »

Hors saison, le premier album d’Alexia Gredy