Fetish : le spleen de Jay-Jay Johanson opère toujours

Très prolifique, Jay-Jay Johanson dévoile Fetish, son quatorzième album : un des plus envoutants de sa carrière.

Jay-Jay Johanson – Finally

Révélé en 1996 avec l’iconique Whiskey, Jay-Jay Johanson est actuellement le meilleur porte-drapeau du mouvement trip-hop. Fidèle à ses origines musicales, le songwriter suédois au charme désuet réveille le genre avec constance, de la meilleure façon qu’il soit. Après une trilogie introspective (Bury the hatchet (2017), Kings Cross (2019) et Rorschach Test (2021)), Fetish tend parfois vers les dancefloors éthérés, à la manière d’Antenna (2002). A contre courant de cette facette de l’artiste, Seine, le titre d’ouverture, lui a été inspiré par la légende de la mystérieuse inconnue du XIXe qui aurait été repêchée dans le fleuve. Saisi par la beauté de la jeune femme, un employé de la morgue aurait fait un moulage en plâtre de son visage. Ainsi, ses traits sont entrés dans l’histoire de l’art et de Fetish. Sans fausse note, le crooner continue à sculpter sa pop envoûtante à coups d’arrangements raffinés et cinématographiques. Incluant la mythique troisième symphonie de Brahms, Finally, une sublime ballade évoquant La notte (1961) d’Antonioni, perdure cette mélancolie romantique, indissociable des deux compositeurs. L’artiste en fait sa force et la décline à l’infinie sans jamais lasser. 

Jay-Jay Johanson © Julien Sitruk

Fetish, le quatorzième album de Jay-Jay Johanson