Après l’ONU, Karim Lebhour nous emmène dans l’Ethiopie en plein boom économique, à travers « Une saison en Éthiopie », histoire de remettre les pendules à l’heure !

Que sait-on de l’Éthiopie ? Savez-vous que des gratte-ciels y poussaient comme des champignons, il y a tout juste quelques années ? Après New York et son récit « Une saison à l’ONU », Karim Lebhour y a passé deux ans. Dans son deuxième reportage « Une saison en Ethiopie », le journaliste français nous raconte son expérience de correspondant à l’étranger pour l’AFP, dans ce pays alors en pleine expansion. A la manière de Guy Delisle, auréolé du Fauve d’or 2012 pour « Chroniques de Jérusalem », l’auteur mélange dans son témoignage, vie professionnelle et vie privée. Mais à la différence du pionnier du genre, il ne dessine pas. Il s’est donc entouré de l’artiste Leo Trinidad pour mettre en image son récit. Le trait vif et épuré, dans des couleurs sobres, son style soutient parfaitement le propos, mélange d’humour et d’informations quasi surréalistes. On y apprend, qu’envers et contre tous, le gouvernement a décidé de construire le plus grand barrage d’Afrique sur le Nil grâce officiellement à des dons de la population qui ne sont en réalité que des d’impôts obligatoires. Voulant se débarrasser de l’image de la terrible famine des années 80, à laquelle le pays est trop associé, l’Ethiopie à soif de modernité. Mais dirigée par une minorité ethnique particulièrement répressive, la nation file tout droit vers la guerre civile. La population locale les confondant avec les chinois qui y investissent de manière disproportionnée, Karim Lebhour et son collègue Vincent Defait, intégré dans la BD, assistent aux prémices de cette chute meurtrière et en rendent compte brillamment dans cet ouvrage particulièrement instructif !
Une saison en Éthiopie – Scénario : Karim Lebhour et Vincent Defait – Dessin : Leo Trinidad – Pages : 192 – Prix : 22 €


