Adoubé par Björk et Madonna, Lux, le quatrième album orchestral de Rosalía, fait l’unanimité de la presse internationale. Mais qu’en est-il vraiment ?

Avec Lux — « lumière » en latin —, Rosalía crée l’événement et ébranle la planète pop. Son quatrième opus se situe à contre-courant des standards actuels, désormais calibrés non plus pour les ondes FM, mais pour TikTok. Tout commence le 27 octobre, avec la sortie de Berghain, un single au lyrisme saisissant, truffé d’influences issues du romantisme. Le clip, lui, navigue entre Blanche-Neige de Walt Disney et Trois Couleurs : Bleu de Kieślowski, film porté par la musique du compositeur Zbigniew Preisner — probable autre source d’inspiration musicale.
Dans ce petit chef-d’œuvre, Rosalía s’entoure d’Yves Tumor et de Björk. D’ailleurs, elle semble emprunter la même voie que la diva islandaise qui en 1997, au même âge — 33 ans —, sortait Homogenic, un disque véritablement novateur, marquant un point de non-retour face à l’ère des « tubes formatés ». À son image et au sommet de sa gloire, Rosalía ose proposer un album radical et personnel, comme ont pu le faire aussi Lana Del Rey avec Ultraviolence (2014) ou Radiohead avec Kid A (2000).

Ici, l’artiste caméléon mêle avec maîtrise musique classique et flamenco, une ambition née de sa formation en musicologie à l’université de Catalogne. Enregistré en treize langues et avec le London Symphony Orchestra dirigé par Daniel Bjarnason, ce disque liturgique bouleverse par sa virtuosité constamment mise au service de l’émotion, mais n’a rien de visionnaire. Avec finesse, Rosalía y bouscule la religion chrétienne comme Madonna avait pu le faire de manière plus brutale et frontale, à une époque moins propice, dans les années 1980. Lux n’en reste pas moins un grand disque, d’une authenticité et d’une musicalité rare, durablement marquant.

Lux, le quatrième album de Rosalía
